mercredi 7 décembre 2016

Accident en montagne du Haut Atlas oriental : décès d’un berger chevronné




Le 22 novembre dernier, dans une falaise, Hammou ou Boudhine, berger de la tribu des Ait Seghrouchène, a succombé à ses blessures, après une chute d’une quarantaine de mètre de dénivelée. L’accident est survenu, près du village d’Achbaro relevant de la Commune rurale Elkheng, de la province d’Errachidia.
Alors qu’il était de retour vers sa maison avec son troupeau de chèvres, en fin d’après midi, Hammou a été emporté par un rocher sur lequel il voulait s’appuyer pour sortir d’un col au sommet d’une montagne. Le pauvre berger n’a pas fait attention aux chûtes de pluie qu’a connue cette maudite journée et qui ont facilité l’arrachement du rocher à partir de la crête.
Né sous une tente nomade dans la région de Gourrama, Hammou, âgé de 64 ans, a passé toute sa vie auprès de son troupeau de chèvres. Comme les autres nomades de la région, il passait l’hiver dans les bas-fonds, pour échapper au froid, et l’été dans les sommets, à la recherche de la fraicheur et des meilleurs pâturages. Il avait sillonné toutes les montagnes se trouvant entre Gourrama et Errachidia avant d’établir domicile, il y’a une dizaine d’année, au village d’Achbaro.
Une autre bergère, mère de trois petits enfants, a connu le même sort il y’a quelques années dans la même région.  La nouvelle de la disparition soudaine de ce berger chevronné a atterré non seulement sa famille mais tout le village d’Achbaro. Il était très aimé de tous.
Repose en Paix, Hammou !
Tforce, ta générosité, ta volonté et ton courage resteront à tout jamais pour nous
un modèle de vie !
Nous sommes à Dieu et à lui nous retournons !
Il y’a lieu de signaler que l’activité des bergers révèle le savoir ancestral des hommes et leurs relations spécifiques avec l'animal dans l'espace montagnard. Ce savoir concerne non seulement les éleveurs mais également les communes qui doivent inclure dans leurs programmes  des actions de sensibilisation sur les risques du métier et les préventions ainsi que l’amélioration des conditions de vie des nomades. Il concerne enfin la société toute entière, dans son usage de la montagne, avec ses équilibres sociaux et écologiques à préserver.
Dans la région du Haut Atlas oriental, comme dans d'autres régions du Royaume du Maroc, l'évolution de l'activité agricole, la transformation des familles et les changements des attentes des jeunes ont mis en péril la transmission du métier de berger entre les générations. Une telle évolution risque de faire rapidement disparaître une activité dont l'enjeu n'est pas seulement agricole mais concerne plus généralement le rapport de l'homme à la montagne.
Errachidia, le 4 décembre 2016
Hrou ABOUCHRIF


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