Le 22 novembre dernier, dans une falaise, Hammou ou Boudhine,
berger de la tribu des Ait Seghrouchène, a succombé à ses blessures, après une
chute d’une quarantaine de mètre de dénivelée. L’accident est survenu, près du
village d’Achbaro relevant de la Commune rurale Elkheng, de la province d’Errachidia.
Alors qu’il était de retour vers sa maison avec son troupeau
de chèvres, en fin d’après midi, Hammou a été emporté par un rocher sur lequel
il voulait s’appuyer pour sortir d’un col au sommet d’une montagne. Le pauvre
berger n’a pas fait attention aux chûtes de pluie qu’a connue cette maudite
journée et qui ont facilité l’arrachement du rocher à partir de la crête.
Né sous une tente nomade dans la région de Gourrama, Hammou,
âgé de 64 ans, a passé toute sa vie auprès de son troupeau de chèvres. Comme
les autres nomades de la région, il passait l’hiver dans les bas-fonds, pour
échapper au froid, et l’été dans les sommets, à la recherche de la fraicheur et
des meilleurs pâturages. Il avait sillonné toutes les montagnes se trouvant
entre Gourrama et Errachidia avant d’établir domicile, il y’a une dizaine
d’année, au village d’Achbaro.
Une autre bergère, mère de trois petits enfants, a connu le
même sort il y’a quelques années dans la même région. La nouvelle de la disparition soudaine de ce
berger chevronné a atterré non seulement sa famille mais tout le village
d’Achbaro. Il était très aimé de tous.
Repose en
Paix, Hammou !
Ta force, ta générosité, ta volonté et ton courage resteront à tout jamais pour nous
un modèle
de vie !
Nous sommes à Dieu et à lui nous
retournons !
Il y’a lieu de signaler que l’activité des bergers révèle le
savoir ancestral des hommes et leurs relations spécifiques avec l'animal dans
l'espace montagnard. Ce savoir concerne non seulement les éleveurs mais également
les communes qui doivent inclure dans leurs programmes des actions de sensibilisation sur les risques
du métier et les préventions ainsi que l’amélioration des conditions de vie des
nomades. Il concerne enfin la société toute entière, dans son usage de la
montagne, avec ses équilibres sociaux et écologiques à préserver.
Dans la région du Haut Atlas oriental, comme dans d'autres régions
du Royaume du Maroc, l'évolution de l'activité agricole, la transformation des
familles et les changements des attentes des jeunes ont mis en péril la
transmission du métier de berger entre les générations. Une telle évolution
risque de faire rapidement disparaître une activité dont l'enjeu n'est pas
seulement agricole mais concerne plus généralement le rapport de l'homme à la
montagne.
Errachidia,
le 4 décembre 2016
Hrou
ABOUCHRIF
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